Promotion Ubu Roi - Olivier Saby

Publié le par Julien S. (Davalian)

ENA.jpg"L'École est majoritairement dirigée par les membres du corps préfectoral, et le directeur est préfet avant tout, mais vu son poste, il doit aussi s'intéresser à la pédagogie et aux attentes des élèves dont il dirige la formation." Olivier Saby livre ici un témoignage décapant de ses 27 mois de formation passés au sein de la prestigieuse École nationale d’administration. Bien qu’écrit à la première personne, le récit se lit d’une traite et reste plaisant de bout en bout. La chronique est d’ailleurs suffisamment pertinente pour ne retenir que l’essentiel.

Le style et le niveau sont de loin meilleurs au brûlot commis par Aurélie Boullet alias Zoé Shepard. Si critique il y a, celle-ci est constructive même si la vénérable institution y prendra  en prestige. Les anecdotes bien que comiques n’atteignent jamais le scabreux ou ne se transforment que rarement en racontars gratuits. Que les adeptes de critique administrative, de scandales et de potins se rassurent : le fonds est riche de piques bien senties : "pour tout élève de l'ENA normalement constitué - c'est à dire à la fois conformiste et ambitieux -, le classement de sortie est le sujet de conversation par excellence. C'est même à cela qu'on le reconnaît. Envoyer deux énarques sur une île déserte, avant d'évaluer leurs chances de survie, ils s'interrogeront sur leur rang respectif."

Bien souvent, l’auteur livre sa propre réflexion sur la formation, au fil d’une frustration de plus en plus grande et cela fait toute la différence. L’ouvrage permet également de s’imprégner, de voir et de comprendre un peu la philosophie et le champ de représentation des hauts fonctionnaires de l’État. Loin du prestige de la fonction (notamment pour les différents ministres, ambassadeurs et  préfets rencontrés) ce sont les individus qui sont visés. Quel régal de suivre cette illustration de la boutade de Georges Clemenceau (les fonctionnaires sont comme les livres d’une bibliothèque, ce sont les plus hauts passés qui servent le moins), cette invitation à voir au-delà du prestige et de l’acquis.

Publié dans Essai

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